Une figure du monde enseignant.
Toute une vie de militant inflexible de ce qu’il appelait « l’école du peuple ».
Jean Foucambert est affable, disert, et curieux de ses interlocuteurs, qu’il voulait convaincre toujours et encore de cette limpide évidence : la raison est de son côté, elle l’est toujours et elle finira bien par s’imposer.
Raison d’avoir voulu changer, non seulement l’école, mais le rapport de toute la société avec l’écrit (question d’actualité s’il en est).
Raison d’avoir été, à partir des années 1970, le brillant promoteur en France de l’approche « idéovisuelle » de l’apprentissage de la lecture.
On l’accusait alors de promouvoir la « méthode globale » qu’il n’a jamais défendue. Une méthode, disait-il, qui n’a jamais effectivement été présente dans les classes, si ce n’est à titre mercantile, dans les livrets des méthodes traditionnelles dans les années 1950.
« Lire, c’est comprendre » insistait-il.
Apprendre à lire, c’est apprendre d’abord à chercher le sens d’un texte.
Les correspondances graphophonétiques ne sont que des indices et c’est plutôt à l’étude des sèmes qu’il conseillait de se consacrer.
Jean Foucambert avait l’élégance de ne pas le montrer mais il portait en lui la blessure de tous ceux qui ont atteint, dans leur vie, un sommet de reconnaissance avant de tomber de leur piédestal. Il a été ostracisé jusqu’à incarner – du moins dans les représentations dominantes, envers lesquelles il affichait son dédain – une figure de la malfaisance.
Soit l’antithèse de ce qu’il s’est efforcé d’être : l’artisan d’une école profitable au peuple.